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40 km/h sur l’autoroute

Rédigé par: Éloïse Dalpé Montréal - 4 Mars 2019

Je suis sortie de chez moi, j’ai salué ma voisine qui sortait au même instant avec ses deux filles. Elle m’a encore ignorée. Je me demande pourquoi elle ne m’aime pas, mais je me suis déjà trop souvent posée cette question. Je cours pour attraper mon bus au coin de la rue, parce que je n’arrive toujours pas à me timer avec la maudite application Transit. MERCI la vie ! Il y a un banc de libre, je peux enfin m’asseoir pour reprendre mon souffle, parce que oui, je suis essoufflée comme une fille pour qui l’activité physique se résume à courir après un autobus. Un peu de sport me ferait pas de tort. Le Énergie Cardio a sûrement déjà statué depuis longtemps sur le fait que je me suis inscrite juste pour la forme (mais on l’sait que c’est pas en s’inscrivant pour la forme qu’on obtient une shape hen). En fait, les seuls résultats que j’ai obtenus depuis mon abonnement au gym, ce sont ceux d’une fille qui est en train de se bâtir un empire de culpabilisation. 

Je regarde mon agenda pour voir où je pourrais prendre le temps de me reprendre en main, pis j’ai soudainement une petite vague d’anxiété qui s’empare de moi. Entre mes deux jobs, l’université, mon bénévolat, ma vie sociale, mon couple, mon chat, ma famille, et mon quotidien de bonne citoyenne qui recycle et composte, ça m’arrive d’oublier de me raser les jambes. Donc, ça m’arrive de trouver ça anxiogène le fait de penser à comment je pourrais faire entrer 1 heure de « me time » dans mon agenda. 

J’ai un rappel d’événement qui sonne sur mon cell, parce que j’ai un rendez-vous chez le dentiste demain. Ça me rappelle qu’il ne faut pas que j’oublie d’apporter mon appareil dentaire, parce que ça fait au moins 3 ans que mon dentiste me le demande. Peut-être qu’inconsciemment j’ai pas trop envie de lui montrer, parce que je sais qu’il va me dire que je l’ai usé jusqu’à la corde en serrant des dents la nuit. Juste à y penser, j’ai mal à la mâchoire… je suis fatiguée… je suis épuisée. 

En l’espace de quelques minutes, je me retrouve en train de faire mon propre procès dans le bus. Mais tout ça se passe dans ma tête, juste entre moi pis moi, avec pour seul témoin la toune d’Hubert Lenoir qui joue en background dans mes oreilles. Pis j’ai soudainement le goût de crier, de dire à Hubert que moi aussi des fois j’ai juste envie de me crisser en feu !  Parce que c’est pas toujours easy breezy de suivre le flot de la vie quand t’as envie de te mettre sur le cruise control à 40 km/h, mais que tout le monde autour roule à 100 km/h sur l’autoroute. 

Par contre, plus il y a de gens qui vont dire haut et fort qu’ils ont envie de ralentir, peut-être qu’on va cesser de faire des autoroutes de la vie où les gens ont peur de mourir sans rien avoir vécu, ni même vu. C’est pour ça que je vous en parle aujourd’hui. À voir comment un événement comme celui de « Bell cause pour la cause » rassemble autant de gens autour du thème de la santé mentale, je pense qu’il y a lieu de se demander si notre société n’est pas prise par un mal des transports. 

Je n’ai pas de solutions, juste des réflexions. 

Je descends de mon bus, j’ai un métro à prendre si je ne veux pas être en retard au boulot. 

Élo

Rédigé par:

Éloïse Dalpé

Certains adhèrent à la luminothérapie pour se sortir d’un novembre trop sombre, d’autres se mettent à la course à pied pour faire le plein d’hormones de bonheur. Pour ma part, l’écriture s’avère être une thérapie pour l’âme bien plus qu’efficace ! Libératrice, elle fait ressortir ma prose dans ces journées parfois moroses. Puis colorée, elle met des images sur des émotions, voire des pensées. Bachelière en communication, et actuellement étudiante en travail social, Éloïse s’intéresse aux gens et aux grandes questions de la vie. Passion et rigolades, c’est ce que vous trouverez dans ses écrits.

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